Le 8 mars, c’est la journée mondiale de la femme
L’occasion pour la Plate-Forme Prévention Sida d’attirer l’attention sur la vulnérabilité spécifique des femmes face au VIH/SIDA. Bien que les femmes représentent la moitié des personnes vivant avec le VIH dans le monde, ce chiffre cache des différences considérables entre les sexes face à cette maladie.
Dans certaines régions du monde, comme l’Afrique subsaharienne et les Caraïbes par exemple, les femmes et les jeunes filles représentent 59% des adultes séropositives. En Afrique encore, les jeunes femmes de 15 à 24 ans ont un risque d’être infectées par le VIH huit fois plus élevé que celui des hommes du même âge.
Chez nous, la situation des femmes est un peu moins problématique. Concernant le ratio hommes/femmes, les deux tiers des nouvelles personnes infectées en 2011 sont des hommes. Cette représentation plus faible que le niveau mondiale s’explique notamment par la grande proportion d’hommes homosexuels dans le profil de l’épidémie en Belgique alors que les femmes séropositives ont été infectées majoritairement lors de rapports hétérosexuels.
Néanmoins, les femmes sont particulièrement exposées au risque VIH, et ce pour plusieurs raisons :
Vulnérabilité biologique
Biologiquement, le risque de contamination de la femme lors d’un rapport hétérosexuel serait au moins deux à quatre fois supérieur à celui encouru par l’homme (muqueuse vaginale plus étendue et fragile, concentration de virus plus importante dans le sperme, lubrification du vagin parfois insuffisante, la femme est réceptrice, …) ;
Vulnérabilités sociales et économiques
Les femmes sont plus souvent économiquement et socialement dans l’impossibilité d’exiger l’utilisation du préservatif dans leurs rapports sexuels (peur de séparation, insécurité financière, …) ;
Vulnérabilités culturelles
Il existe toujours dans nos sociétés une domination masculine et les relations inégalitaires dans lesquelles certaines femmes sont engagées pèsent lourdement sur leur aptitude à se protéger. Le préservatif féminin qui permet aux femmes plus d’autonomie dans la prévention reste à un prix très élevé et sa diffusion est confidentielle.
De plus, pour les femmes migrantes, de nombreux facteurs de vulnérabilités auxquels elles étaient confrontées dans leur pays d’origine persistent ou s’aggravent après leur migration.
Au niveau des conditions de vie, on constate aussi, souvent, une situation professionnelle plus précaire que celle des hommes, à laquelle s’ajoutent des charges domestiques et familiales plus lourdes. Dans de nombreux cas, les femmes s’occupent d’abord de leurs enfants et de leur entourage avant de penser à leur propre santé.
Par ailleurs, pour des femmes séropositives, vivre avec le VIH est synonyme d’isolement. Beaucoup n’osent pas en parler de peur du rejet et du jugement des autres.
Au niveau de la prise en charge, l’efficacité des traitements est globalement la même chez les hommes et les femmes mais les effets secondaires sont différents, souvent plus nombreux chez ces dernières. On constate aussi un risque accru de ménopause précoce, un nombre important de cancer du col de l’utérus sans parler de la stigmatisation entrainée par les modifications corporelles liées aux lypodistrophies (modification dans la répartition des graisses sur le corps), plus difficile à vivre pour les femmes.
Socialement, le désir de maternité des femmes séropositives se heurte à des représentations hostiles de la part de l’entourage, qui ignore souvent les progrès médicaux qui réduisent considérablement le risque de transmission du virus de la mère à l’enfant. Rappelons que chez nous, il est possible pour une femme séropositive d’avoir un enfant en bonne santé grâce à un accompagnement médical approprié.
Malgré toutes ces vulnérabilités, les femmes jouent un rôle de premier plan de la lutte contre le sida:
Dans un rapport intitulé Les femmes s’expriment, l’ONUSIDA a étudié l’impact du VIH chez les femmes et le rôle majeur joué par les femmes qui vivent avec le virus dans l’éradication du sida. Ce rapport présente les données les plus récentes ainsi que les commentaires de militants de premier plan sur les sujets des femmes et du VIH.
Plus sur ce sujet?
– Le Action Plus (Groupe de Réflexion, de Communication et d’action sur la Séropositivité ) a par ailleurs publié une Carte en main : Clairvoyantes, à l’attention des femmes vivant avec le VIH.
– Les femmes s’expriment : Le rôle des femmes vivant avec le VIH dans la lutte mondiale contre le sida, un rapport de l’ONUSIDA , 11 déc. 2012
– Pourquoi la lutte contre ces inégalités entre les sexes est eu cœur de la lutte contre le sida?
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